Hier Est Si Loin...

Des mots ce soir.. des mots pour dire que tu m'échappes, que tu t'échappes.

Des mots pour mettre un nom sur ce sentiment, sur cette oppression, sur ce malaise ; tu t'en vas.. Ca fait mal de te voir partir, ce soir, ça fait mal. Pourquoi tout me rappelle hier ?

Tu pars, sans bruit, tellement vite, si violemment... je crois que je n'étais pas préparée. Et même si ç'avait été le cas, est ce que ça aurait changé quelque chose ? Des mots ce soir, ma thérapie, pour voir une fois de plus la page se tourner, me voir continuer autrement, différemment. Des mots pour ne pas pleurer, parce que ça fait mal tu sais. Très mal même si ça n'en vaut pas la peine.

Des mots pour tenter de comprendre, pour me faire une raison aussi : ils nous font paraît-il prendre conscience de notre réalité... mais j'ai beau me les répéter, les écrire et les lire, j'ai du mal à m'y résoudre.

Des mots pour revivre tout ça, parce qu'à travers toi, c'est autre chose qui fait mal. Pleins d'autres choses. Une lassitude, une révolte, une douleur jamais vraiment passée...

Des mots pour me rappeller, pour te rappeller qu'il faut aimer la vie et l'aimer même si..."le temps est assassin et emporte avec lui, le rire des enfants". Des mots parce que je l'aime et parce que je grandis, à mes dépends. Me rattacher à ces quelques miettes, ces bribes de paroles, ces instants furtifs de compatibilité..

Cette idée qui persiste, qui me traverse sans cesse l'esprit quand je pense à Hier, cette certitude. Rare. Vraie. Forcément vraie. Forcément vraie ? Peut-être pas, mais marre de me contenter de peut-être oui, peut-être non...envie de vivre, de ressentir.

Aucun regrets, jamais, peut-être des remords...peut-être. Cette oppression dans ma poitrine, qui me tord le coeur sans raison, sans raison valable tu dirais.. ça fait mal, mal de te voir partir, de rester là. Sans rien faire, ou du moins, sans rien faire de convaincant. Mal de se sentir passer à côté, de rester en bas du mur.

Des mots pour voir défiler ces jours qui m'éloignent un peu plus de toi, de ce que je rêvais, de ce que je croyais. Des mots pour profiter encore un peu, amèrement, comme avec cet arrière goût de chagrin ; de ce qui me lie à toi.

Et cette révolte intérieure, qui ne veut pas. Qui ne veut pas parce qu'elle ne pense pas. Parce qu'elle ne le sent pas. Qui ne veut pas, non parce qu'elle ne veut pas, mais parce qu'elle ne peut pas. Parce qu'elle ne peut pas se résoudre à cela, quoi que ce soit. Parce qu'elle ne se résoudra jamais.

Des mots parce que tout ça, quoi que ce soit, a existé, qu'on le veuille ou non. Parce que ça continue de palpiter au plus profond de l'être. Des mots parce que ce n'est pas toi... c'est plus que ça. Mais c'est toi aussi..sinon, ce ne serait pas pareil.

Des mots parce que ça fait mal, une douleur indiscible, qui me surprend même parfois. Une douleur qu'il faut taire. Pour de multiples raisons. Pudeur. Incompréhension. Incertitude de sa réelle existence. De son bienfondé. Ce silence aussi.. difficile à supporter, à vivre puisqu'il faut le vivre.

Des mots, enfin, parce que ce n'est pas exprimable. Des mots parce que c'est déjà loin de moi, mais si près de mon présent. Des mots, parce que ce soir, j'ai la chance de n'avoir qu'eux pour ne pas pleurer. De quoi...? Pleurer sur ce monde qui avance, qui ne s'arrète pas, qui tourne, sans cesse. C'est pour ça que j'aime l'ivresse. Dans ces instants là, je tourne avec ce monde...

Des mots, éphémères parce qu'émotions et pensées changeantes...mais des mots, toujours.

Des mots, parce que tu t'en vas et que je n'accepte pas, je ne veux pas te voir partir. Et des mots, aussi...parce que c'est la vie, qui tourne, qui avance et que j'aime ça, malgré tout.